Île de Sal, paysage aride et vraie vie sociale - 26 janvier au 17 février

 

L'île de Sal est aride et ne présente que 3 agglomérations : Espargos, La Palmeira où se trouve le port et Santa-Maria, l'immense station touristique de l'île.

 

Vue de la mer, l'île ne paraît pas spécialement attirante et nous pensons ne pas y rester très longtemps. Après un jour et demi d'attente et nos tests covid sitôt (et enfin) contrôlés, nous débarquons sur le quai des pêcheurs de la Palmeira. Nous sommes marqués par les Canaries où les moindres déplacements se faisaient masqués et nous avons toujours nos masques. Mais nous réalisons vite que nous sommes les seuls et les retirons. Il y a de la musique un peu partout : sur le quai des pêcheurs, dans les bars et la vie semble normale, quel bonheur !

 

 

Nous avions promis aux filles des baignades dans les eaux chaudes alors nous filons à Santa-Maria en taxi collectif (aluger), chargés de deux petites planches de body-board à leur taille. Nous sommes étonnés par la quatre voies reliant l'aéroport à Santa-Maria et par la taille des complexes hôteliers. Mais les rues sont désertes et avec le covid, cela va faire presque un an que les hôtels sont quasi vides, que les restaurants, vendeurs de souvenirs et autres personnes dépendantes du tourisme ne travaillent pas ou peu. Il ne reste actuellement que quelques liaisons aériennes vers Lisbonne et des charters vers la Pologne. On souhaite aux habitants et à leur dirigeants d'être imaginatifs pour se diversifier, gagner en autonomie et se dégager de cette dépendance totale du tourisme mais avec le climat de l'île ça promet d'être compliqué.

 

En attendant, nous profitons de la grande plage de sable blanc et de ses vagues. Manoë prend des gadins magistraux et se relève pour recommencer de plus belle.

 

 

Nous visitons les étonnantes salines de Pedra do Lume situées dans un cratère de volcan à 8m sous le niveau de la mer, nous marchons jusqu'à Buracona, au nord de Palmeira.

 

Au bout de quelques jours, nous prenons nos marques à Palmeira et commençons nos journées par un tour à la fontaine publique pour remplir nos bidons d'eau douce. L'eau est payante, elle vient de l'usine de désalinisation qui alimente toute l'île. Beaucoup d'habitants n'ont pas l'eau courante et viennent remplir des bidons. Près du port se trouvent également des douches publiques, utilisées par des locaux autant que par les bateaux de passage.

 

 

Le soir, les rues s'animent, les enfants se baladent et c'est le moment où les filles peuvent jouer avec les enfants. Manoë a un peu de mal à surmonter la barrière de la langue (et je ne peux pas vraiment l'aider en créole cap-verdien) mais Yaëlle se laisse porter, câliner, donne la main de bon cœur pour se faire aider dans les rochers ou ailleurs. Les enceintes du quai des pêcheurs crachent leurs décibels à fond et tout peut se faire en musique. C'est aussi en fin d'après-midi que des dames vendent des croquettes ou petits beignets de thon pour 10 centimes et que l'on finit souvent au bar avec les autres voyageurs.

 

Nos voisins de mouillage sont polonais, belges, italien, allemands, français. Comme nous, tous sont contents d'avoir échappé au stress du covid et beaucoup ne savent pas très bien quelle sera la prochaine escale. La saison et la météo sont des paramètres que l'on aborde à peine, le principal étant de se rendre dans un pays ouvert avec des formalités sanitaires raisonnables. L'équipage allemand arrive de Gambie et nous raconte son séjour avec des étoiles dans les yeux. Ils nous montrent leurs photos d'hippopotames, crocodiles et singes, nous parlent de l'accueil chaleureux des habitants. Il n'en faut pas plus pour remettre en question notre traversée de l'Atlantique, surtout que les nouvelles des Antilles ne sont pas attirantes.

 

 

 

Nous réfléchissons 3 jours, parlons avec les filles à qui nous avions vanté les joies de la Guadeloupe ou de la Martinique, je fais des schémas pour montrer les différences de longueur des navigations. Manoë comprend que les navigations seront plus courtes et donc que la maison est moins loin, Yaëlle est contente de voir des hippopotames alors c'est décidé, si le contexte ne change pas, nous irons en Gambie après le Cap-Vert. Cela nous laisse du coup 2 mois pour visiter le Cap-Vert et nous détend d'un coup sur notre rythme de visites. Et nous apprenons le jour-même que la Guadeloupe et la Martinique sont fermées, sauf en cas de nécessité, ce qui nous conforte dans notre choix.

 

Pour fêter ça, nous allons dans un bar voir un concert, et refêtons ça le surlendemain dans un autre petit bar avec un concert improvisé.

 

 

Nous passons pas mal de temps avec Eugénie, une voyageuse solitaire belge. Elle a acheté plein de matériel de peinture et s'est installée sur le quai des pêcheurs pour proposer aux enfants de peindre. L'activité attire une quinzaine d'enfants de tous les âges et les dessins de bateaux de pêche avec de gros moteurs ont beaucoup de succès. Les filles ne sont que deux et encore, la petite vendeuse de beignets n'ose pas s'installer, son devoir étant de vendre ses beignets.

 

Manoë observe beaucoup ces vendeuses et s'est mis en tête d'en faire autant. Elle commence par tenter la vente de serviettes en papier du bar parce qu'elle veut « gagner l'argent pour qu'on ait de l'argent en voyage parce qu'on ne travaille pas ». Elle part avec de la monnaie mais au lieu de proposer ses serviettes elle donne ses pièces à une ou deux personnes en disant que même si les gens n'achètent pas ses serviettes, dans « ce pays » ils n'ont pas beaucoup d'argent alors ça peut les aider. Après quelques explications sur la pauvreté, la dignité, le commerce, nous décidons d'aller ramasser des coquillages qu'elle pourra décorer et vendre si elle le souhaite. Et nous la rassurons sur nos économies pour ce voyage !

 

Une de nos voisines de mouillage est institutrice à l'école francophone de Sal. Elle enseigne aux CP/CE1 et accepte que Manoë vienne passer une matinée à l'école. Yaëlle est triste comme tout, il n'y a pas de place pour elle, beaucoup de petits viennent d'être accueillis. C'est un événement dans notre routine de voyage. Nous mettons le réveil à l'aube pour être sûrs d'arriver à 8h30. En effet, nous avons deux aluger à prendre et comme ils ne partent que quand toutes les places sont occupées, impossible d'être sûrs du temps que le trajet nous prendra. Manoë a minutieusement préparé son sac la veille. Arrivées devant l'école, elle se raidit un peu puis une élève l'entraîne à l'intérieur du bâtiment pour la visite. L'école compte à peine 60 enfants de la petite section à la troisième. Il y a des français, cap-verdiens, portugais, italiens, sénégalais... Manoë revient ravie de sa matinée même si une matinée « c'est assez ». Quand elle a parlé de son voyage, à la question « mais pourquoi pas un voyage en avion ? », elle a répondu « ben parce que ça va trop vite, on n'a pas le temps de visiter ! » Et surtout, elle a réalisé que les CE1 n'étaient pas immenses et très vieux par rapport à elle, ce qui l'a beaucoup rassuré sur son apparence au retour : finalement, ce n'est pas dans si longtemps que ça !

 

 

 

Nous avons envie de voir autre chose que Palmeira, le seul mouillage bien abrité de l'île. Nous contournons la pointe au sud pour mouiller dans la baie de Murdeira. Le vent est très fort mais la couleur de l'eau incite à la baignade. Nous mettons court à notre séjour dans la baie de Murdeira le lendemain, une houle de sud-ouest étant annoncée. Nous revenons sagement à Palmeira en attendant une bonne météo pour changer d'île. En ce moment les alizées sont très forts et nous sommes saouls de vent. Nous voulions aller à Boa Vista mais la houle de sud-ouest nous inquiète pour le confort du mouillage là-bas. Tant pis pour la plage de sable blanc, nous allons vers São Nicolau.

 

 

 

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