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La Dominique

Seulement 20 milles séparent Marie-Galante de la Dominique et ils sont avalés facilement, en 4h avec du vent portant. Notre seul obstacle en chemin est une nappe de sargasses tellement étendue que l’on doit la contourner. Nous avons quitté les falaises et les plages de sable blanc de Marie-Galante sous le soleil et nous arrivons au pied des falaises vert sombre de la Dominique auxquelles s’accrochent de gros nuages gris.

 

Manoë craint le mal de mer et se terre dans sa cabine sitôt l’ancre relevée ce qui ne l’aide pas à faire face. Nous finissons par la forcer à sortir et à manger un peu et ça marche : à l’arrivée elle est super fière d’elle car elle n’a pas été malade et se dessine même sur le pont du bateau, cheveux au vent, avec un grand sourire pour immortaliser cette navigation.

 

La baie de Portsmouth est large mais la majorité les bateaux sont mouillés dans son nord. Quand nous arrivons, c’est très rouleur et nous choisissons un endroit qui nous semble plus confortable, à l’écart de la majorité des bateaux. Nous mouillons dans 5 mètres d’eau, en face de la station des mini-bus qui partent vers le sud. En plus du fait que nous ne sommes pas sur une bouée payante mais incertaine, nous ne sommes pas vraiment dérangés par les « boat-boys » qui proposent leurs services à longueur de temps (courses, excursions,…). Certains viennent nous voir gentiment mais n’insistent pas et c’est agréable.

 

Les formalités sont faites rapidement, mis à part le long temps de marche sous le soleil pour nous rendre à la Douane, où, en plus, seule la présence du capitaine est nécessaire.

 

 

 

Portsmouth est une petite ville faite de deux rues parallèles à la mer. Nous trouvons un magasin de tissus que les filles espèrent dévaliser et d’où nous repartons surtout avec des bâtonnets de bois pour les bricolages créatifs. C’est le début d’une période de petits bricolages intensifs et de l’ouverture d’un vrai chantier de construction de catamarans en bâtonnets qui seront améliorés de polystyrène ramassé dans la rue.

 

 

Notre première journée étant bien entamée par les formalités, nous décidons d’aller nous balader tout près, dans le Cabrits National Park. Il est trop tard pour entreprendre les marches à l’intérieur du parc alors nous prenons le chemin au pied de la colline et en bordure de mangrove, qui mène dans la baie d’à côté, au nord. Le garde du parc nous avait indiqué qu’une partie du parc avait été « vendue » pour la construction d’un hôtel de luxe. Effectivement, le chemin passe dans le jardin de l’hôtel, avec ses piscines vides, une poignée de gens en peignoir et ses espaces verts où pas un brin d’herbe ne dépasse des autres. Un autre monde…

 

 

Nous revenons en marchant sur le bord de la route et passons devant les travaux de construction de la future marina. La mangrove est arrachée à coup de pelleteuse et tout ce déblai est réparti sur une surface équivalente, de l’autre côté de la route.

 

En Martinique et ailleurs, des informations sur l’importance de la mangrove sont faites au bord des chemins. C’est un paysage peut attrayant pour les touristes car il n’y a pas de plage, c’est vaseux, impénétrable, mais c’est un lieu de transition très important pour les écosystèmes côtiers : abri pour les juvéniles, protection des côtes, oxygénation… La mangrove qui est en train de se faire détruire sous nos yeux appartenant au Cabrits National Park mais nous constatons avec amertume que l’argent a encore été plus fort. Surtout qu’il ne s’agit pas seulement d’un bassin avec quelques pontons, mais d’un équipement qui permettra d’accueillir des yachts de luxe avec autour tous les magasins qui vont bien dans un « marina village » de haut standing. Sur le chemin du retour vers le bateau, nous essayons tous les 4 d’expliquer pourquoi ce projet nous dérange. C’est à l’opposé de l’image que la Dominique offre aux touristes : une île préservée, nature, respectueuse de la biodiversité. C’est vrai que le pays a le droit de se doter d’équipements modernes, mais là, ce projet créée un décalage immense par rapport à l’allure de village de Portsmouth. Certains Dominiquais ne voient pas où est le problème, d’autres pensent que ça va tuer la Dominique. Globalement, les investisseurs étrangers s’emparent de plus en plus de l’île, restée vierge et sauvage jusqu’ici. C’est un choix politique qui met en avant le « développement »…sans préciser de quel développement on parle, ni pour qui en réalité.

 

 

 

Gaëtan a une mission à Portsmouth : retrouver Humtee, qu’il avait rencontré 20 ans plus tôt lors de son premier tour de l’Atlantique. La chose est finalement assez facile, assez vite, nous tombons sur des gens qui le connaissent. Lors d’un débarquement, on nous fait signe qu’il est dans un bar voisin, trop facile. D’après Gaëtan, Hummtee n’a finalement pas changé tant que ça, malgré une bonne consommation de rhum.

 

Avec lui, nous convenons d’une balade le lendemain. Il sera notre guide, il connaît le nord de l’île comme sa poche.

 

 

En attendant, nous retournons marcher dans le Cabrits National Park, d’abord autour du fort Shirley construit au 18e siècle par les Anglais pour défendre leur position à la Dominique face aux Français, puis dans les chemins, à la recherche des animaux endémiques de la presqu’île.

 

 

Après avoir acheté des cuisses de poulet pour le pique-nique, Humtee nous mène à une rivière avec une petite cascade. Le feu est lancé pour faire griller le poulet et nous nous baignons dans l’eau fraîche. Ce petit coin n’est pas si loin du mouillage mais très agréable !

 

 

Le surlendemain, Humtee nous amène à la cascade Bwa Nef Falls puis à Cold Soufrière. Ce dernier site qui témoigne de l’activité volcanique de l’île est étonnant. A son approche, l’odeur de souffre (=oeuf pourri) se fait de plus en plus forte. Puis nous arrivons à des petites mares où l’eau bouillonne comme si elle était en ébullition mais elle est froide. Autour, les roches ont pris une teinte blanche et jaune. Certaines personnes se baignent là mais nous n’avons pas eu envie !

 

 

Depuis que nous sommes en Dominique, les filles sont toutes tristounettes. Elles ont le cafard, la nostalgie des copines, de la maison. Pourtant, il y a plein de choses superbes à faire et à voir en Dominique. La visite d’une fabrique de chocolat leur plaît quand même beaucoup, d’autant plus que la visite se fait en français et qu’il y a une dégustation à la fin ! Le chocolat que l’on a l’habitude de consommer n’a rien à voir, il est souvent moins fort en chocolat car enrichi en beurre de cacao. Nous programmons aussi une balade à poney qui fait envie aux filles. Le tour est rapide mais elles apprécient.

 

 

Au delà d’une petite dose de chocolat et un petit tour à poney les filles n’ont plus envie de bouger, elles veulent rester au bateau et jouer avec leurs affaires. Gaëtan part seul marcher dans le parc des trois Pitons près de Roseau et revient ravi de son expédition. Les possibilités de randonnée en Dominique sont immenses, avec souvent, des paysages à couper le souffle faits de forêts, de montagnes, de cascades…

Malgré tout, nous décidons de retourner à Marie-Galante. Nos amis de Dyade viennent d’arriver et les filles ne tiennent plus en place, elles veulent revoir Laura, leur copine des Canaries.

 

Nous disons au revoir à Humtee, sans savoir si nous reviendrons. Il est déçu, il aurait aimé nous montrer plus de choses et ça nous aurait plu, mais pas avec des minettes qui pleurent leurs copines presque tous les jours.

 

La navigation vers Marie-Galante se fait en 3h, à une vitesse de 8nds dans un confort plutôt correct. Nous commençons à nous dire que nous n’avons pas toujours su tirer le meilleur de notre bateau qui semble capable de belles moyennes !

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